Nous avons appris cette semaine le rappel à Dieu (à qui il s'était donné) du père Etienne Renaud. C'est le missionnaire d'Afrique (père blanc) qui nous avait très généreusement accueillis à Khartoum alors qu'il y dirigeait le Click (Catholic Language institute of Khartoum) où il y prodiguait en tant qu'islamologue de renommée internationale des cours d'arabe à l'adresse des humanitaires laïques et religieux.
C'est lui, grâce à son ouverture d'esprit et son réseau de relations, qui nous avait permis de rencontrer le Cheikh Garibullah de la confrérie Soufie Hamad en Nil, où nous avions pu tourner en toute liberté des images inédites et exceptionnelles. Lui encore qui nous avait introduit auprès des pères blancs de Hadj Youssif, quartier peuplé de nombreux réfugiés du sud Soudan, et où se déroulaient tous les vendredi les rassemblements de lutte Noubas. Lui enfin, qui nous avait introduit par le truchement d'une amie, aux cérémonies hautement secrètes du Zar, et par voie de conséquence aux cérémonies encore plus intimes du Doukhan.
Il savait porter sur toutes choses un regard amical et jovial, compatissant et modeste. Il y avait quelque chose en lui de très bouddhique dans l'ascèse et le dépouillement, la cordialité et la simplicité.
Le père Etienne avait été élève de l’Ecole Polytechnique de Paris, perpétuant ainsi une tradition familiale où l’on était, disait-il, « ingénieur des Ponts et Chaussées de père en fils », ajoutant qu’il s’était senti très vite appelé plutôt « à construire des ponts entre les hommes »
Son rôle au vatican dans le dialogue inter-religieux et la compréhension de l'Islam avait été de premier plan.
Il vivait dans une paroisse très islamisée du nord de Marseille et avait su entamer de vrais échanges avec ses voisins notamment au Gric : groupe de recherches islamo-chrétien
Il va manquer au monde
Il va nous manquer ainsi qu'à nos familles car je perd aussi un oncle. (nos pères étaient cousins)